Ces
dernières années, la création d'une organisation nationale des travailleurs en
Iran a été demandée à maintes reprises par une tendance parmi les militants
ouvriers iraniens; Shahrokh Zamani, un militant assassiné dans les prisons du
régime en septembre 2015, l'expliquait déjà dans les notes qu'il envoyait de
prison; en 2015 "les réunions de Saghez" qui avaient exprimé ce
besoin dans ses déclarations ont été brutalement réprimées par la police. Mais
cette tendance n'a pas cessé d'exister depuis lors.
Cette année,
à l'occasion du 1er mai, un groupe de militants ouvriers iraniens a lancé cet
appel pour insister davantage sur cette nécessité et pour demander à toutes les
forces ouvrières une convergence vers la construction d'une organisation
nationale des travailleurs.
Vers une campagne pour l'Organisation nationale des travailleurs en Iran
Créer une
organisation nationale des travailleurs est une nécessité. Les travailleurs
iraniens comprennent de plus en plus cette nécessité sur leur lieu de travail
et ont profondément ressenti son absence, surtout pendant la crise actuelle et
les attaques redoublées des capitalistes et des forces réactionnaires. Cette
nécessité a été soulevée de nombreuses fois auparavant au sein du mouvement
ouvrier en Iran et des tentatives ont été faites il y a quelques années pour la
réaliser. Malheureusement, nous sommes encore loin d'avoir accompli cette
tâche, il n'est donc que juste de soulever à nouveau cette nécessité le 1er mai,
la journée internationale de la solidarité ouvrière, et de renforcer résolument
nos efforts pour la réaliser.
Toutes les
alternatives internes ou externes et toutes les promesses faites pour un
changement de régime ou des réformes ont un dénominateur commun : la
détérioration inévitable de la situation de tous les travailleurs et
l’intensification des attaques contre leurs droits.L'expérience des dernières
décennies a montré que, compte tenu de l'équilibre actuel des forces, les
organisations de travailleurs indépendants au niveau local, ou les syndicats ou
associations isolés sont facilement réprimés et ne peuvent maintenir
sérieusement une activité soutenue.
Si la classe
ouvrière ne s'organise pas au niveau national et ne se bat pas pour ses
revendications communes, non seulement elle ne pourra pas satisfaire ses
besoins les plus élémentaires, mais elle perdra ce qu'elle a déjà gagné. Le
pouvoir de cette classe repose dans sa solidarité de classe. Sans l'unité des
couches les plus larges de la classe ouvrière iranienne autour de leurs
revendications les plus immédiates et communes, ce pouvoir ne peut être
mobilisé et les attaques du régime capitaliste ne peuvent être repoussées. Les
actions et les organisations locales et isolées n'ont, jusqu’ici, pas été couronnées
de succès.
Compte tenu
de la crise actuelle, la lutte autour des revendications les plus élémentaires
et les plus communes des travailleurs rassemblera non seulement de larges
sections de la classe, mais attirera derrière elle le soutien et la solidarité d’autres
larges couches de travailleur.euse.s opprimé.e.s. A titre d'exemple, les revendications
de liberté d'expression et d'organisation, un salaire minimum supérieur au
seuil de pauvreté, des allocations chômage universelle, la gratuité des soins
et de l'éducation, et l'élimination de toutes les inégalités fondées sur le
genre, les croyances ou les nationalités, sont seulement quelques-unes dont
presque personne ne peut nier leur caractère national. Des luttes unies et
cohérentes autour de telles demandes peuvent changer l'équilibre des forces en
faveur de la classe ouvrière et de ses allié.e.s.
Partout où
nous sommes, nous pouvons commencer dès aujourd'hui à construire les unités
locales de ce mouvement national. Ce mouvement ne sera pas en opposition avec
les luttes sectorielles actuelles des syndicats individuels ou des associations
pour leurs revendications spécifiques. Au contraire, un tel mouvement ne peut
que faciliter ces luttes en changeant l'équilibre des forces contre le régime
capitaliste.
Nous, un
groupe de militants ouvriers, soulignons une fois de plus la nécessité d'une
organisation nationale des travailleurs et demandons à tous ceux qui
appartiennent à cette classe de redoubler d'efforts pour
faire connaître et promouvoir cette demande dans leur propre domaine d'activité
et de prendre des mesures actives pour la construire.
1er mai 2018
1er mai 2018